Endométriose et maternité

Endométriose et maternité

Mon parcours avec l’endométriose est semé d'embûches, d’espoir et de découvertes. J’ai envie de le partager avec vous aujourd’hui, même si il n’est pas terminé, pour vous montrer qu’il est possible d’être une femme et une maman épanouie avec la maladie. 

En 2015,  j’arrive à Paris pour mon premier boulot, je suis épanouie, je découvre une vie parisienne qui me plaît beaucoup entre sorties et travail intensif. 

Je rencontre assez vite celui qui est aujourd’hui mon mari ! 

Notre relation démarre en douceur, pleine de partage et de confiance. 

Tout se passe bien, malheureusement au bout de quelques mois, nos relations intimes se compliquent :  à chaque rapport, j’ai une infection urinaire dès le lendemain; on me prescrit des antibiotiques pour me soulager, et j’enchaine sur une mycose vaginale. 

Le cercle vicieux est vraiment très dur à vivre au point que je redoute les rapports sexuels qui me font souffrir à coup sûr. Cela impacte vraiment notre relation. 

À ce moment-là je décide de revoir ma contraception, j’ai lu que les contraceptifs hormonaux pouvaient favoriser les infections répétées donc je choisi le stérilet en cuivre. La gynéco qui me suit est d’accord, elle est douce et me semble savoir ce qu’elle fait. Elle m’explique bien les choses en amont de la pose. 

Catastrophe, je vis une semaine de calvaire avec des contractions très puissantes. Mon corps rejette totalement le stérilet… Les douleurs se calment au bout de quelques jours, je décide de le garder pendant quelques mois. Malheureusement ce moyen de contraception ne me convient pas du tout, j’ai des règles extrêmement abondantes, des maux de tête, de grosses douleurs de règles. Même si je ne le saurais jamais, j’ai l’impression que mon endométriose a flambé à partir de ce moment-là. 

Les infections urinaires continuent, je deviens de plus en plus résistante aux antibiotiques. Il m’en faut un plus fort à chaque fois… Je multiplie les prises de sang, les échographies pelviennes. 

Je commence à déprimer, je grossis à vue d'œil et je ne comprends pas pourquoi. Je perds mes cheveux, je suis épuisée, stressée, je multiplie les arrêts maladie. 

J’ai beau voir des médecins généralistes, spécialistes, je sens bien qu’on ne me prends pas au sérieux. A chaque rdv le même couplet “urinez après les rapports, mettez des vêtements en coton” - “avoir mal pendant ses règles c’est normal” - “il faut manger moins mademoiselle” - “perdez du poids”

Ne trouvant pas de réponses dans la médecine conventionnelle, je me tourne vers les médecines douces : ostéopathie, hypnose, naturopathie. 

Je commence à mieux comprendre mon corps, à l’écouter plus, à trouver des solutions qui me correspondent. 

En parallèle, je me renseigne beaucoup sur mes symptômes et je décide de reprendre ma santé en main : je demande à mon médecin des examens plus poussées et une IRM. 

Les deux verdicts tombent à quelques mois d’intervalle : endométriose péritonéale et hypothyroïdie (maladie auto-immune qui s’attaque à la thyroïde et donc dérègle certaines fonctions hormonales du corps). 

Le jour de l’IRM, je suis reçue dans une petite pièce sombre, debout.  

On m’annonce : 

 “ Vous avez des lésions d’endométriose, à 27 ans vous n’êtes plus toute jeune, il va falloir faire un enfant rapidement, votre réserve ovarienne est médiocre”. 

Je sors, complètement sonnée, j’appelle mon chéri en lui expliquant qu’il n’est pas obligé de rester avec moi, que notre vie de couple ne risque pas de s’améliorer et que j’aurais sûrement du mal à avoir des enfants. 

Je suis à la fois choquée et soulagée de mettre des mots sur mes maux. Mais le combat n’est pas fini. 

Immédiatement, je me mets en action : je trouve une gynécologue spécialisée dans cette pathologie. Je dois aussi prendre un traitement pour la thyroïde et l’ajuster. Je continue mon suivi en ostéopathie, je teste beaucoup de choses. Je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux afin d’y trouver du soutien, je commence un accompagnement et une routine assez drastique pour aller mieux. Les résultats se font attendre, je n’accepte pas du tout ma maladie, même si je commence sérieusement à me demander : 

“Est-ce que mon corps essaye de me dire quelque chose ? Deux maladies hormonales, deux maladies inflammatoires… “

On me propose une nouvelle pilule pour atténuer mes douleurs et stopper mes règles. Ce que je prends pour véritable solution à ma maladie ne fait que mettre un couvercle sur mes symptômes et me met dans un état presque second jour après jour. Je n’avais déjà plus de libido… c’est pire, je me sens molle, gonflée, anesthésiée. 

Avec mon conjoint, on décide de déménager à Nantes, on change de job et de vie. Je suis très heureuse mais reste en lutte permanente contre mon corps que je n’accepte pas. J’ai peur de ne jamais réussir à tomber enceinte. Nous commençons à “parler bébés” plus sérieusement. 

Finalement, une amie me parle de son ostéopathe qui accompagne les femmes atteintes d’endométriose grâce à un coaching et une vision globale du corps. C’est la révélation! 

Enfin une personne qui comprend ce que je vis. Qui met le doigt sur mes difficultés et m’aide mois après mois à accepter ce qui m’arrive.

Je découvre l’alimentation anti-inflammatoire, l’écoute du corps et des émotions, des outils de développement personnel. Ma vie change radicalement, je souffre moins, je m’accepte mieux. 

J’arrête la pilule, je redécouvre mon cycle naturel. Là encore, je suis passionnée par ce qui m’arrive, je me redécouvre. 

Un retard de règles m’amène à faire un test de grossesse… Négatif ! Je me convainc que l’arrêt de la pilule a déréglé mon cycle.  

Début février 2020, je me rends chez un spécialiste de l’endométriose, très reconnu dans son domaine. Dans la salle d’attente je stresse, est ce que tout va bien ? J’ai des douleurs intenses depuis quelques semaines. 

Il me reçoit, me demande froidement pourquoi j’ai arrêté la pilule. J’ai l’impression d’être une petite fille prise en faute. 

Il me propose une échographie pour s’assurer que la maladie ne s’étend pas. 

Et là surprise, il m’annonce que je suis enceinte de quelques semaines. 

Je suis sous le choc, abasourdie par la nouvelle… 

Il me dit : 

“Bon, on va pouvoir arrêter le rdv ici, vous devez être contente d’être enceinte ! C’est le meilleur traitement pour cette maladie”.

Je sors du cabinet, incapable de lui dire que ce n’était pas prévu, que je suis heureuse et paniquée à la fois, que ça n’enlève rien à mes inquiétudes d’être une maman atteinte de deux maladies chroniques. 

Mon amoureux est surpris mais très content de la nouvelle. 

Je mets du temps à accepter cette grossesse : j’ai l’impression de la voler, à une femme qui à la même maladie que moi et qui attends de tomber enceinte depuis longtemps. Peut-être que je ne mérite pas ce bébé, que la grossesse ne tiendra pas. 

Je suis très mal les 3 premiers mois, je n’aime pas vraiment être enceinte. Ma grossesse est surveillée, je prends trop de poids, ma thyroïde ne sait plus où donner de la tête, je suis très stressée et je ne supporte plus mon job. 

Comme beaucoup de femmes enceintes pendant cette période COVID, je suis déçue de ne pas pouvoir partager ce moment avec mes proches. J’angoisse aussi pour l’accouchement. 

Au bout de 6 mois de grossesse, je me décide à prendre soin de moi et à accepter cette grossesse comme un cadeau. Une bénédiction dont je rêvais sans oser y croire. Je reprends le yoga, je m’inscris à des conférences, des cours de préparation en ligne, je rencontre une merveilleuse sage femme près de chez moi. 

Et surtout, j’accepte enfin de me faire arrêter. J’ai du temps pour réfléchir à l’avenir et je commence une réflexion pour me reconvertir, moi aussi je veux aider les femmes à se reconnecter, à s’aimer. 

J’ai accouché 4 jours avant le terme, malgré quelques complications j’ai adoré ce moment, la complicité avec mon mari, la sororité merveilleuse avec ces sages femmes, les poussées, la rencontre, la tétée d’accueil, la fierté de le voir si beau, si parfait. Devenir sa maman. 

Les premiers mois avec mon fils sont compliqués, entre la solitude liée au nouveau confinement, la santé assez fragile de ce petit bébé, la reprise d’un travail qui ne me plait pas et la maladie puis le décès de ma belle-mère. 

J’ai été en colère qu’on ne parle pas plus de ce moment charnière dans la vie d’une femme. Tous ces questionnements, ces chamboulements qui nous font changer en profondeur mais qu’on tait de peur de paraître bizarre ou de se plaindre. Cette ambivalence d’aimer très fort son enfant et en même temps de vouloir passer une journée sans penser à quoi que ce soit d’autre que soi. 

Malgré tout, le travail que j’avais entamé pour vivre plus sereinement avec mon endométriose m’a énormément aidé. 

Mon fils a 6 mois quand je décide de négocier une rupture conventionnelle avec mon entreprise, me former à la naturopathie et lancer mon activité de coach. 

J’ai la chance de travailler dès le départ avec ma propre coach qui me fait confiance pour la seconder dans son programme de coaching. 

Encore une révélation! Je me sens alignée, je suis à ma place. Ces femmes sont merveilleuses, courageuses, humbles, vivantes… Je suis si fière de les accompagner sur leur chemin de vie. 

Aujourd’hui je suis la maman de Gustave, 21 mois. 

Je suis tellement reconnaissante qu’il soit arrivé dans ma vie à ce moment précis. 

Avec mon endométriose puis ma maternité, je me suis découverte. J’ai dû me poser les bonnes questions : Quelles sont mes priorités ? Qu’est ce que j’ai vraiment envie de faire pendant que mon fils est chez la nounou ? Est ce que j’ai envie de m’accorder du temps et de l’attention ? 

Vivre avec cette maladie en tant que maman c’est un défi : anticiper les moments probables de fatigue, communiquer avec son.sa conjointe pour trouver un équilibre, accepter de ne pas toujours être dispo physiquement, trouver du temps pour soi et sa santé, être carrée sur son alimentation et son hygiène de vie pour limiter les symptômes, rester à l’écoute de ses besoins. 

Il y a aussi beaucoup de choses que je souhaite transmettre à travers mon expérience : l’endométriose m’a donné l’opportunité de m’occuper de mon corps et de changer les choses qui n’allaient pas dans ma vie. Être alignée dans ce que l’on fait, avec soi et avec les autres, est une nécessité pour vivre sereinement son endométriose et sa maternité !

Alice du Teilleul

Coach spécialisée dans l'accompagnement des femmes atteintes d'endométriose

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