La motricité libre

La motricité libre

Qu’est-ce que c’est ?

C’est une pratique pédagogique qui permet à l’enfant de se mouvoir sans contraintes dans un environnement pensé pour lui et sécurisé. L’enfant est ainsi posé au sol avec quelques jeux autour de lui ce qui va susciter son intérêt et l’inviter à se mouvoir pour ainsi se muscler et intégrer son schéma corporel. Cette pratique est très fréquente dans les structures d’accueil du jeune enfant. De nombreux parents ont également décidés de l’adopter chez eux avec leur cadre et leurs limites.

Quel intérêt pour l’enfant et les parents ?

L’enfant est maitre de ses mouvements et de ses déplacements. En étant allongé au sol, il va pouvoir dans un premier temps s’étirer, toucher ses mains et ses doigts, attraper ses pieds, tourner la tête à droite et à gauche et ainsi de suite. Ces mouvements peuvent paraître facile mais cela représente pour lui un grand effort contribuant ainsi à le muscler et à maitriser ce geste par la suite. Au fur et à mesure, l’enfant va commencer à explorer ce qui l’entoure et à vouloir attraper ce qu’il voit comme les jeux d’éveil adaptés à son âge.

Lors de ces courts temps d’éveil, le parent reste assis à ses côtés pour l’observer et décrire ce que l’enfant est en train de faire, de découvrir. Cela permet de valoriser l’enfant dans ses gestes et acquisitions. Le parent s’assoit pour que l’enfant puisse le voir car à sa naissance, l’enfant arrive à distinguer les visages à 30cm de lui. Sa vision s’éclaircira au fur et à mesure des mois.

Lorsqu’il est au sol, c’est le moment de retirer les chaussettes de l’enfant pour qu’il soit pieds- nu. En effet, le contact de ses pieds avec le sol va contribuer grâce au sens du toucher à lui donner de nombreuses informations sur son environnement telles que le chaud et le froid ou encore le dur et le mou. Avoir les pieds nu va également lui permettre de pousser sur ses pieds lorsqu’il voudra commencer à se déplacer tandis qu’avec des chaussettes ou des chaussons, les pieds n’adhérent pas à la surface et donc le contact et les sensations sont limités et peuvent même entraver les mouvements de l’enfant. De plus, lorsqu’il voudra commencer à se hisser, son pied l’aidera à se positionner debout, trouver, tenir et maintenir son équilibre.

A partir de quel âge ?

Il n’y a aucune contre-indication à poser l’enfant dès sa naissance sur un tapis au sol. Néanmoins, son besoin de contenance physique est encore très présent et se manifeste par le réflexe de Moro lorsqu’il est allongé soudainement. Il est donc préférable d’attendre lorsque l’enfant sera prêt. Pour cela, faites-vous confiance et observez votre enfant ! Au fur et à mesure qu’il va grandir, les temps d’éveil seront de plus en plus long. Il voudra commencer à explorer son environnement. Observez-le et écoutez-le. C’est lui qui vous dira lorsqu’il sera prêt. Il commencera à manifester de l’intérêt pour ce qui l’entoure.

Comment la mettre en place ?

       *Le matériel et l’espace

A la maison, il est nécessaire de définir dans quelle pièce se fera ses temps d’éveil sachant que l’enfant a besoin de la présence de l’adulte. De nombreux parents délimitent ainsi un endroit fixe dans leur pièce de vie principale. En terme de matériel, l’enfant n’est pas posé directement au sol. Déjà parce que le sol peut être froid ce qui représente un risque de perte de chaleur et de plus cela manque de confort. Il est donc préférable d’installer un tapis suffisamment grand pour permettre à l’enfant de se retourner encore et encore. Idéalement, ce tapis doit pouvoir adhérer au sol pour éviter à l’enfant de glisser lorsqu’il voudra ramper ou s’asseoir. Il peut être épais de quelques centimètres afin d’éviter les pertes de chaleur. Si l’enfant a des régurgitations, il peut être intéressant que le tapis soit doté d’une housse lavable ou d’avoir un revêtement en plastique qui se nettoie directement avec une éponge.

       *La tenue de l’enfant

Concernant la tenue de l’enfant, le confort est essentiel ! L’enfant doit pouvoir mobiliser ses bras et ses jambes sans contraintes vestimentaires. La tenue idéale est un legging et un t-shirt ou une blouse. La longueur des manches s’adaptent en fonction des saisons ainsi que la présence ou non d’un pull.

L’élasticité du legging permet d’être près du corps de l’enfant et de s’adapter à ses mouvements ce qui ne sera pas le cas de vêtement réalisé en jean, coton ou velours. Les collants et les robes ne sont également pas adapté car le collant couvre les pieds et la robe peut perturber les mouvements de l’enfant lorsqu’elle commencera à faire du quatre pattes.

       *Les jeux d’éveil

Quel que soit l’âge de l’enfant, il est préférable de positionner que 3 à 4 jeux autour de lui afin qu’il puisse se concentrer dessus. Avoir trop de jeux autour de lui entrainent une hyperstimulation ce qui peut être difficile pour l’enfant. Lorsqu’il est allongé et ne sait pas se retourner, les jeux sont installés en arc de cercle au niveau de sa tête l’invitant ainsi à tourner sa tête pour les regarder et ainsi essayer de les attraper. Les jeux doivent être adaptés à son âge d’exploration, ils doivent pouvoir être attrapé et soulevé par l’enfant. Il faut donc privilégier des petits jeux légers.

Pour aider l’enfant à connaitre son jeu, le contraste des couleurs est recommandé. En effet, l’enfant, durant les premiers mois de vie, n’est pas en capacité de distinguer les couleurs pastels tandis qu’il arrive à distinguer des couleurs contrastées comme le noir et blanc, le bleu et jaune ou le vert et le rouge

Le cadre et la confiance

Cette pratique pédagogique implique un cadre où les deux parents sont en accord sur ce qui est possible ou non dans leur maison. Ce cadre va permettre de fixer un ensemble de règles de sécurité pour le bien-être de leur enfant. Chaque famille va avoir ses propres règles. Il est donc nécessaire de les expliquer dans leur globalité et avec des mots simples à l’enfant.

Faire confiance à son enfant et dans ses gestes est important pour qu’il puisse lui-même avoir confiance en ses mouvements. J’encourage les parents à exprimer leurs inquiétudes face aux mouvements et déplacements que peut avoir un enfant sans chercher à les limiter. Cela permet à l’enfant de connaître et sentir les émotions que vit son parent. Si un enfant essaye de faire un mouvement mais qu’il n’arrive pas, le parent peut se positionner à ses côtés et l’encourager dans son geste plutôt que de faire à sa place.

Chaque enfant est unique

De par son exploration, l’enfant va être acteur de ses découvertes et acquisitions. Ainsi, il va choisir ce qui l’intéresse, ce qui le stimule. Chaque enfant va à son propre rythme et il ne peut pas tout découvrir en même temps. Effectivement, il y a des données issues d’étude indiquant qu’en moyenne, l’enfant marche vers 12-13mois. Cela reste une moyenne sur un très grand nombre d’enfant ce qui signifie que certains marcheront à 10 mois et d’autres à 16 mois. Faites confiance et observez votre enfant dans ses gestes. Il mobilise tous ses muscles quotidiennement depuis qu’il est né et apprend à découvrir son corps et à croire en ses capacité. Un vrai athlète cet enfant !

Certains objets vendus dans le commerce vont ainsi être contre-productif pour le développement de l’enfant tel que le transat ou l’arche. En effet, un enfant installé dans un transat lors d’un temps d’éveil ne lui permet pas d’être libre de l’ensemble de ses mouvements car il est encerclé par une structure en fer ce qui le maintient dans une position. L’arche est composé d’un arceau posé sur deux trépieds avec des objets suspendus pour arriver devant l’enfant. Positionner correctement une arche est compliqué car il faut que les objets arrivent pile au niveau des mains de l’enfant et non vers ses yeux car cela peut le fatiguer à cause d’une hyperstimulation. De plus, la présence en permanence d’objet proche de ses mains va lui permettre de les découvrir seulement l’enfant ne fait pas l’effort d’aller les chercher lorsqu’ils sont situés à ses côtés. L’enfant est donc passif et non acteur de son exploration.

J’invite souvent les familles à s’allonger au sol comme leur enfant afin qu’ils puissent vivre à

leur échelle ce que l’enfant vit et toutes les compétences qu’il mobilise pour satisfaire ses besoins.

La motricité libre est ainsi une pratique pédagogique permettant le respect du développement de l’enfant qui va pouvoir explorer ce dont il a envie, à son rythme et en étant libre de ses mouvements. Chaque famille peut l’appliquer chez soi en posant ses règles de sécurité pour le bien-être de l’enfant.

Stéphanie VAUZELLEInfirmière puéricultrice

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